Science fiction et soucoupes volantes, trente ans après.

Le 06/01/2015 à 18:30

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Guy Loterre :


Je recevrais avec l'équipe d'Ovni Paris ,le mardi 6 janvier 2015 , au Comptoir Casino 2ème étage du centre commercial des 4 temps à la Défense côté Castorama,  pour je pense une très belle soirée,  Bertrand Meheust dont le sujet est présenté ci-dessous :

Science fiction et soucoupes volantes, trente ans après

En juin 2007, les éditions Terre de Brume ont réédité Science-fiction et soucoupes volantes, paru en 1978, et épuisé depuis longtemps. J’ai conservé le texte original, mais je l’ai augmenté d’une préface d’une cinquantaine de pages et d’une iconographie inédite.

Si j’ai tenu à remettre en circulation ce texte vieux de trente ans, c’est qu’à mes yeux le problème auquel il s’attaque n’est plus guère pris en compte dans les débats actuels, alors qu’il conditionne notre compréhension du phénomène ovni.
Pour comprendre mon propos, il faut situer le contexte de ce livre. Je l’ai écrit entre 1975 et 1977, c’ est à dire en en pleine apogée de l’ufologie classique. L’idée prédominante était alors que la phénoménologie soucoupique transcende par son étrangeté tout ce que les hommes ont pu imaginer dans le passé . Les calages de moteurs, les téléportations, les faisceaux courbes ou tronqués, les examens médicaux, les contacts psychiques, les dématérialisations, les accélérations foudroyantes, tout cela, pensait-on, constituait des nouveautés absolues dont on aurait bien été en peine de trouver la trace dans les productions imaginaires antérieures de l’humanité. En d’autres termes, l’étrangeté radicale des rapports était invoquée par les commentateurs de l’époque comme une des meilleures preuves en faveur de l’objectivité du phénomène ovni. Les témoins n’avaient pu imaginer leurs expériences, d’autant que, rapportées en divers endroits de la planète, elles présentaient des analogies troublantes.

Aujourd’hui, avec du recul, cette conviction paraît bien naïve. Il nous paraît étrange que la proximité des rapports d’ovnis et des thèmes de la SF n’ait pas été immédiatement perçue. Mais l’expérience historique nous montre qu’une mythologie naissante n’apparaît jamais comme telle aux yeux de ceux qui la vivent, et se donne au contraire comme la réalité même. À l’époque, cette ignorance était favorisée par un cloisonnement des milieux concernés. Les ufologues et les amateurs de SF s’ignoraient, et parfois se dédaignaient, pour ne pas dire plus. Entre ces deux mondes l’information circulait peu . Il se trouve que vers 1975 j’étais un des rares ufologues à m’ intéresser à la vieille SF populaire. C’est ainsi que m’est venue l’intuition développée dans Science-fiction et soucoupes volantes.

Cette intuition peut se résumer en une phrase : quand l’ovni paraît, le copyright est déjà pris depuis longtemps. La forme et le comportement des objets aériens, les effets qu’ils produisent sur l’environnement matériel et humain, la faune des humanoïdes, les moteurs qui calent, les phares qui s’éteignent, les témoins téléportés ou « pompés » dans des rayons de lumière, les fééries lumineuses, les contacts psychiques, les enlèvements, les examens médicaux, les implants, bref tous les effets spéciaux que décriront les témoins d’ovnis à partir de 1947, ont leur équivalent précis dans des vieux textes de SF écrits entre 1880 et 1945. Pour dire la chose autrement, la phénoménologie soucoupique, surtout dans les enlèvements et les rencontres rapprochées dites de « haute étrangeté », répercute et réorganise dans le vécu le bagage de stéréotypes imaginé jadis par les écrivains de SF pour mettre en scène l’irruption des extraterrestres ou les menées démoniaques des savants fous. Le portrait robot des ovnis qui se cristallise au début des années cinquante, et qui est resté gravé dans nos esprits, a été forgé à partir de représentations empruntées à la SF populaire de la première moitié du XIX° siècle, par des acteurs qui sont allés puiser inconsciemment dans ce répertoire. Il est impossible de progresser dans la question des ovnis tant que l’on ne s’est pas pénétré de cette idée.

Ma conférence se composera de deux parties distinctes. Je prouverai d’abord la coïncidence SF-SV par des documents visuels. Je montrerai ensuite les interprétations que ce constat suggère, et me demanderai comment l’ufologie peut le surmonter sans tomber dans le réductionnisme. Je m’intéresserai particulièrement, sous cet angle, aux ovnis du passé, qui me semblent une voie féconde pour comprendre le phénomène . Je reviendrai aussi sur le lien que j’avais établi en 1978 entre les ovnis et les phénomènes paranormaux.
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